C'est mignon la théorie. Mais en pratique le livre qu'on cherche, si ce n'est pas un best-seller, on n'a presque aucune chance de le trouver en rayon, donc il faut attendre une bonne semaine pour le commander. Donc franchement, la petite librairie chez qui il faut tout commander, je ne vois pas en quoi elle aide la littérature.

Pour te répondre, je ne sais pas ce que tu appelles "petite librairie", mais dans celles que je connais, les bests-sellers servent majoritairement de "pilier" financier, et rien d'autre. A côté, les libraires font un travail de recherche, et de mise en avant d'auteurs peu connus mais parfois excellents, et d'éditeurs du même acabit. Les "grandes librairies", elles, ne font pas ce travail de recherche, et se contentent de mettre en rayon ce qu'elles reçoivent de la part des distributeurs. Quant aux sites tels qu'Amazon, c'est encore pire : ils mettent en avant les bouquins qui marchent commercialement. Alors tant que les petites librairies feront ce travail de levier et de recherche, on aura accès à des bouquins d'une grande diversité, et ce même sur Internet, parce que quelqu'un se sera donné la peine de les mettre en avant. Et même Amazon les vendra. Maintenant, le jour où les libraires ne pourront plus faire ce travail, les auteurs n'auront plus personne pour les soutenir et les vendre. Et Amazon ne mettra plus en avant que les trucs dont on aura entendu parler à la télé, les auteurs déjà médiatisés et qui se font leur propre comm. Ensuite, les libraires sont aussi là pour te faire découvrir des choses, et pas seulement pour te vendre précisément le livre que tu veux. C'est pour ça qu'il fait son choix, qu'il met en avant les choses que ses clients sont susceptibles de ne pas connaître, mais d'apprécier. Ce phénomène s'appelle la curiosité :) Et pour finir, si jamais tu refuses catégoriquement de faire un tour dans les rayons un peu au hasard, et que tu conserves ton idée de bouquin précis, une semaine, est-ce vraiment la fin du monde ? Je regrette vraiment que l'impatience soit devenue reine.

Je suis d'accord avec toi, des fois on est plus attiré par des choses inconnues que par les gros piliers comme tu dis :)

Bah désolé mais quand j'ai envie de lire un livre en particulier ( sachant qu'à la librairie près de chez moi, je dois toujours commander les livres parce qu'ils ne les ont jamais en stock ), je préfère attendre trois jours qu'une semaine. Je ne vois vraiment pas ce que ça m'apportera d'attendre plus longtemps pour le même résultat. Après j'aime bien, quand j'en ai le temps et l'occasion, faire un tour dans des librairies pour découvrir de nouveaux livres, mais quand je cherche un livre précis, c'est Amazon, tout simplement.

"Je ne vois vraiment pas ce que ça m'apportera d'attendre plus longtemps pour le même résultat." C'est peut-être un peu abstrait pour quelqu'un qui sera pas plongé dans les bouquins jusqu'au cou, ou qui aura pas bossé en librairie. Mais le fait est qui si on trouve tant de bouquins sur Amazon, c'est parce que les libraires existent. Et ce qui se passe (pas seulement ce qui pourrait se passer, c'est déjà en cours) c'est que le réflexe "pratique" Amazon torpille des librairies. Je passe rarement deux semaines sans voir une annonce à droite ou à gauche disant que telle ou telle librairie indépendante ferme ses portes. Et le revers de l'industrie du livre, c'est qu'une bonne partie de ses acteurs sont en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis, puisque ces mêmes librairies indépendantes sont le véritable moteur du paysage littéraire actuel. En fin de compte, non, le résultat n'est pas le même. Ce qu'on voit assez mal, en tant de consommateur, c'est qu'en privilégiant le circuit pratique et rapide, on accélère aussi beaucoup la mort des librairies. A partir de là, je trouve qu'attendre une semaine de plus, c'est pas trop cher payé. :) Je peux paraître chiant ou vieux c*n, mais c'est surtout parce que c'est un sujet qui me tient à cœur. Après, si t'es pas convaincue, mais que t'as un minimum de curiosité, je te conseille d'en discuter avec ton libraire, c'est encore lui qui est le mieux placé pour t'expliquer comment fonctionne son métier ;)

En même temps, sans vouloir être cynique, est-ce que c'est si grave que ça de manière globale que les petites librairies disparaissent ? (Evidemment sur le point de vue individuel, c'est difficile pour ceux qui ferment)

C'est grave, oui, même si on s'en rend pas forcément compte :) Et que c'est pas forcément simple à expliquer. En tout cas, c'est grave lorsqu'on tient à la diversité, à la variété du livre (en France en tout cas). En fait, les grosses chaînes de librairies bossent avec ce qu'on appelle des "offices". Ce sont des cartons de bouquins choisis et envoyés par les distributeurs, que les vendeurs mettent en rayon. Ce qui sous-entend que le distributeur, pas bête, va faire vendre ce qui (commercialement) marche le mieux. Amazon c'est le même principe, ils vendent ce qui marche. Par contre, les librairies indépendantes, la plupart du temps ne travaillent pas avec ces fameux "offices", c'est à dire que le libraire va faire un boulot (absolument énorme) de recherche, auprès des éditeurs, auprès des magazines / fanzines, auprès des auteurs eux-mêmes. Ils vont faire ce travail, repérer des auteurs, des éditeurs pas forcément très médiatisés, et les mettre en avant. Et les vendre. Ce qui veut dire, quand on résume, que c'est le réseau de libraires qui fait que tel ou tel livre ou auteur devient rentable. Du coup, si on supprime les librairies indépendantes, il ne restera personne pour faire ce boulot-là, de mise en avant. Donc, fatalement, les auteurs / éditeurs plus modestes ne seront plus rentables du tout. Et, comme ils ne seront plus rentables, les grandes chaînes / grands sites ne les proposeront tout simplement plus. C'est un cercle vicieux en fait. Aujourd'hui, il reste encore (et il en reste encore un bon nombre, heureusement) des librairies indépendantes qui servent de levier et de vitrine à cette diversité. Mais si cette vitrine indépendante disparaît, la diversité disparaîtra aussi. On n'aura alors plus accès qu'à des auteurs déjà connus, à des éditeurs qui ont les moyens de faire leur propre communication. On aura toujours du Musso, du Lévy. On aura toujours des merdouilles commerciales type Zemmour ou Trierweiler. Mais le reste finira asphyxié. Donc oui, si on tient à cette variété littéraire, c'est grave. :)

Et comme les principes de la diversité, du boulot de libraire et de l'avenir de l'offre peuvent rester abstraits et que chacun s'est habitué à son confort immédiat, allez voir les sites web des libraires : la mienne envoie souvent les bouquins en 2-3 jours (par la poste, souvent aussi efficace que certains distributeurs amazon...), avec un joli papier cadeau en prime et un post-il à la main avec le titre dessus pour savoir à quel bouquin correspond quel paquet. C'est pas beau la vie ?

Mais comme l'industrie de la musique ou la presse, il y a des transformations majeures dans l'industrie du livre. Maintenant, on peut facilement publier son livre sans passer par les librairies et également sans les éditeurs. D'ailleurs même quand les libraires choisissent des livres différemment des grands groupes, les gens vont souvent vers les livres dont ils ont entendu parler, soit par la publicité soit par leurs proches. Je ne suis pas convaincue que l'évolution des pratiques soit au détriment des petits auteurs.

"Maintenant, on peut facilement publier son livre sans passer par les librairies et également sans les éditeurs. " Exact, mais on parle là de circuits qui ont énormément de mal à se diffuser et qui restent et resteront extrêmement confidentiels. Si on distingue en gros les touts petits auteurs qui s'auto-éditent, les gros succès, et une espèce de littérature "dans la moyenne", dans l'affaire cette "moyenne" s'effacera. Alors certes, l'auto-édition fonctionnera toujours, mais avec toujours aussi peu de visibilité. Et honnêtement, des tas d'auteurs talentueux mettront probablement ce talent au rebut à cause de ça. Les auteurs qui ont du talent et qui veulent continuer à écrire ont besoin de la vitrine des libraires et du système de l'édition. Alors après, il est peut-être effectivement plus simple de se diffuser pour un petit auteur avec l'évolution du livre numérique. Je suis pas franchement compétent dans ce domaine-là. Mais je doute que le système soit suffisamment accessible pour ça.

Quand je vois ce qu'il s'est passé pour la musique et la presse, je me dis que la même chose peut se faire avec les livres. Mais bon, difficile à prédire.

C'est un peu compliqué de trouver un auteur si on donne que son prénom...

et pour la débilité de la fille! elle peut ne pas connaître, c'est pas grave. mais au moins, si la littérature c'est si sérieux qu'à ça (si oj suit sa logique tout simplement) on ferait un travail de recherche. ça peut nous permettre d'apprendre des choses nous même aussi.